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Pourquoi préférer utiliser les recettes pour le revenu carbone plutôt que pour des subventions vertes ?

Pourquoi préférer utiliser les recettes pour le revenu carbone plutôt que pour des subventions vertes ? 150 150 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

En France, les besoins d’investissement supplémentaires pour le climat sont chiffrés à 60 milliards d’euros par an [1]. Cela représente seulement 2 % de l’ensemble des crédits accordés par le système bancaire aux entreprises et aux particuliers pour leurs investissements, qui est de plus de 3 000 milliards d’euros [2,3].

Pour augmenter les investissements pour le climat, l’enjeu principal est de réorienter ces 3 000 milliards de crédits depuis des dépenses néfastes au climat (voitures à essence, chaudières à gaz, industries polluantes, etc) vers des dépenses favorables au climat (voitures électriques, pompes à chaleur, industries bas carbone, etc). Comme le souligne la Fédération bancaire française, les 60 milliards d’euros d’investissements supplémentaires doivent être considérés en plus de la réorientation des 3 000 milliards de crédits déjà existants [4].

La tarification carbone apporte justement une opportunité économique pour réorienter les investissements depuis des dépenses néfastes au climat vers des dépenses favorables au climat [5]. La tarification carbone rapportera environ 8 milliards d’euros par an, mais permettra de mobiliser des dizaines voire des centaines de milliards d’euros d’investissements vers des projets bas carbone. Sur le long terme, les investissements pour le climat seront plus favorisés par une tarification carbone ambitieuse couplée à un revenu carbone pour le rendre soutenable, que par une tarification carbone plus faible mais dont les recettes sont utilisées pour des subventions vertes.

De plus, utiliser les recettes de la tarification carbone pour des subventions vertes peut poser problème : avec moins de recettes pour le revenu carbone, l’impact de la tarification carbone sur le pouvoir d’achat des ménages sera plus grand sur le court terme ; les choix de subventions arbitraires sont parfois inefficaces [6] ; et les subventions vertes peuvent être plus facilement soumises aux fluctuations politiques.

  1. France Stratégie. 2023. Rapport Pisani-Mahfouz : Les incidences économiques de l’action pour le climat. Synthèse. Chapitre 10. Sections 1 et 2. Lien
  2. Fédération bancaire française. 2024. Derniers chiffres du financement des entreprises. Lien
  3. Fédération bancaire française. 2024. Derniers chiffres sur les crédits aux particuliers. Lien
  4. Fédération bancaire française. 2024. Quel financement de la transition : bâtir les ponts entre les besoins et les ressources. Voir section I.a. Lien
  5. Voir LT sur la tarification carbone et la mobilisation des investissements climat. Lien
  6. Ministère de l’économie. 2024. Les coûts d’abattement. Lien

Dernière mise à jour : 2024-11-04


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Quels sont les co-bénéfices de la tarification carbone sur la qualité de l’air ?

Quels sont les co-bénéfices de la tarification carbone sur la qualité de l’air ? 1000 533 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : La tarification carbone est bénéfique pour la qualité de l’air car elle diminue l’usage des énergies fossiles, qui sont une source importante de polluants atmosphériques.

La combustion d’énergies fossiles libère dans l’air que nous respirons des particules fines ainsi que des polluants moléculaires, comme les oxydes d’azote (NOx), le dioxyde de sulfure (SO2) ou le monoxyde de carbone (CO). Ces particules fines et ces polluants moléculaires impactent notre santé lorsque nous les respirons [1]. Respirer cet air pollué cause des troubles, allant des réactions bénignes comme des fatigues ou des nausées à des pathologies pouvant être mortelles comme des cancers ou des maladies cardio-vasculaires.

En France, la pollution atmosphérique aux particules fines serait responsable de 40 000 décès par an [1]. Cela correspond à 7 % de la mortalité totale de la population française. Pour les personnes âgées de 30 ans et plus, l’exposition à la pollution de l’air ambiant représente une perte d’espérance de vie de près de 8 mois en moyenne [2].

À l’échelle européenne, c’est la première cause de mortalité due à notre environnement, avec plus de 300 000 morts prématurées par an [3]. Dans le monde, la pollution de l’air est responsable de la mort de plus de 4 millions de personnes par an [4]. C’est bien plus que le nombre de morts annuel par accidents de la route (1,3 millions), et 500 fois plus que le nombre de morts annuel dû à toutes les catastrophes naturelles [5].

Le coût de la pollution de l’air est très important : environ 1 300 € par Français et par an [6]. On dénombre 3 milliards d’euros de coûts sanitaires directs (arrêts maladies, hospitalisations), entre 68 et 97 milliards d’euros de coûts sanitaires indirects (comorbidité à long terme) et 4,3 milliards d’euros de coûts en dégâts matériels (érosion des bâtiments, pertes agricoles, dégradation des écosystèmes naturels).

Les énergies fossiles sont une source majeure de polluants de l’air. La tarification carbone diminue l’usage des énergies fossiles et favorise le développement d’alternatives moins polluantes, ce qui a un effet bénéfique sur la qualité de l’air.

En bref : La tarification carbone est bénéfique pour la qualité de l’air car elle diminue l’usage des énergies fossiles, qui sont une source importante de polluants atmosphériques. En France, la pollution de l’air aux particules fines serait responsable de 40 000 décès par an, soit 7 % de la mortalité totale de la population française. Le coût de la pollution de l’air est très important : environ 1 300 € par Français et par an. La tarification carbone diminue l’usage des énergies fossiles et favorise le développement d’alternatives moins polluantes, ce qui a un effet bénéfique sur la qualité de l’air.

  1. Portail gouvernemental « Notre Environnement ». 2024. La pollution de l’air extérieur. Lien
  2. Santé Publique France. 2021. Pollution de l’air ambiant : enjeu de santé publique actuel et enseignements du confinement du printemps 2020 lié à la Covid-19. Lien
  3. European Environment Agency. 2024. Air pollution. Lien
  4. Our World in Data. 2024. Air pollution. Lien
  5. Clean Air Fund. 2024. Deaths from air pollution are high, but the data contains hope. Lien
  6. Sénat. 2015. Commission d’enquête sur le coût économique et financier de la pollution de l’air. Lien

Dernière mise à jour : 2024-08-19


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Et moi ? Vais-je gagner ou perdre avec le versement climat ?

Et moi ? Vais-je gagner ou perdre avec le versement climat ? 900 479 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : En moyenne, plus de 70 % des ménages français auront plus ou autant d’argent dans leur porte-monnaie avec le versement climat [1]. La majeure partie des ménages seront gagnants, et en particulier les ménages modestes.

Le gain dépend de la consommation d’énergies fossiles de chacun. Plus un ménage utilise des énergies fossiles, plus il paye la tarification carbone, et moins le versement climat pourra compenser ces coûts additionnels.

De manière générale, plus un ménage est aisé, plus il consomme des énergies fossiles, à travers ses déplacements ou ses achats [2]. Ainsi, les ménages à haut revenus sont généralement contributeurs nets, c’est-à-dire qu’ils payent plus à travers la tarification carbone qu’ils ne reçoivent à travers le versement climat. Inversement, les ménages à faible revenu sont généralement bénéficiaires nets : ils reçoivent plus à travers le versement climat que ce qu’ils payent par la tarification carbone.

D’autre part, généralement, plus un ménage habite dans une zone rurale, plus il consomme des énergies fossiles. Cette différence s’explique avant tout par une différence en équipement : un ménage rural a plus souvent une voiture diesel et une chaudière au fioul qu’un ménage urbain. Cette différence peut être compensée par un bonus géographique, comme c’est le cas au Canada et en Autriche [3].

Mais ce sont des moyennes. Un ménage rural peut tout à fait avoir une consommation d’énergies fossiles plus faible qu’un ménage urbain. Également, un ménage aisé peut tout à fait avoir une consommation d’énergies fossiles plus faible qu’un ménage à bas revenus. Cela dépend de la consommation de chacun. Pour avoir une estimation, vous pouvez utiliser ce calculateur.

Sans distribution d’un versement climat, il y aura beaucoup plus de perdants. Avec un versement climat, la majeure partie des ménages seront gagnants, et en particulier les ménages modestes.

En bref : En moyenne, plus de 70 % des ménages français auront plus ou autant d’argent dans leur porte-monnaie avec le versement climat. Tout dépend de la consommation d’énergies fossiles de chacun. Plus un ménage utilise des énergies fossiles, plus il paye la tarification carbone, et moins le versement climat pourra compenser ces dépenses additionnelles. La majeure partie des ménages seront gagnants, et en particulier les ménages modestes.

  1. BUREAU, Dominique, HENRIET, Fanny et SCHUBERT, Katheline. 2019. Pour le climat : une taxe juste, pas juste une taxe. Conseil d’analyse économique. Les notes du Conseil d’analyse économique, N° 50. Lien
  2. Voir Laser Talk « Est-ce que les ménages à faible revenu sont gagnants avec un versement climat ? » Lien
  3. Voir Laser Talk « Est-ce que les ménages ruraux seront gagnants avec le versement climat ? » Lien

Dernière mise à jour : 2024-05-30


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Est-ce que les ménages ruraux seront gagnants avec le versement climat ?

Est-ce que les ménages ruraux seront gagnants avec le versement climat ? 900 479 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : Avec le versement climat, plus de 70 % des ménages français auront plus ou autant d’argent dans leur porte-monnaie. Cela sera également le cas pour les ménages ruraux, à condition d’intégrer un bonus géographique et un soutien au changement d’équipement.

Les Gilets jaunes ont exprimé leur sentiment d’injustice face à une taxe carbone dans les régions rurales, où les alternatives moins polluantes sont limitées. En effet, l’empreinte carbone augmente avec le revenu, mais la localisation joue un rôle important. Pour un même niveau de revenu, vivre en zone rurale conduit généralement à une empreinte carbone plus élevée par rapport aux habitants des villes [1].

Cette différence s’explique principalement par les équipements utilisés : 34 % des ménages ruraux utilisent du fioul pour se chauffer, alors que ce n’est que 5 % en région parisienne. De même, 76 % des ménages ruraux se déplacent avec un véhicule utilisant du diesel (le carburant le plus polluant), alors que ce n’est que 36 % en région parisienne [2].

Ainsi, pour rendre la distribution du versement climat plus équitable, une possibilité serait d’inclure un bonus géographique. C’est l’approche choisie par l’Autriche et le Canada : en Autriche, un supplément géographique peut doubler le montant de base versé à une famille citadine [3,4]. Au Canada, un supplément de 20 % est accordé aux personnes et aux familles vivant à l’extérieur d’une zone urbaine [4].

Il est important que le versement climat soit complété de mesures de soutien au changement d’équipement, comme l’acquisition d’un véhicule électrique ou d’une pompe à chaleur [2]. Cela permettrait de réduire l’usage des énergies fossiles et donc les dépenses.

Enfin, contrairement aux idées reçues, les ménages du premier décile des villes moyennes sont ceux qui changent le plus de comportement en réaction à une augmentation de prix des énergies fossiles, alors que ménages parisiens du décile supérieur sont ceux qui changent le moins leurs habitudes [2]. Ainsi, ces derniers payent plus la tarification carbone, qui sera redistribuée sous forme de versement climat à toute la population.

En bref : Avec une contribution carbone couplée à un versement climat, plus de 70% des ménages français auront plus ou autant d’argent dans leur porte-monnaie. Cela sera également le cas pour les ménages ruraux, à condition d’intégrer un supplément selon un critère géographique et associer un soutien au changement d’équipement. C’est l’approche choisie par le Canada et l’Autriche, où un bonus géographique est mis en place pour les ménages ruraux.

  1. POTTIER, Antonin et al. 2021. Qui émet du CO2 ? Panorama critique des inégalités écologiques en France. Voir graphique 2.b. Revue de l’OFCE 2020/5 (169). Lien
  2. BUREAU, Dominique, HENRIET, Fanny et SCHUBERT, Katheline. 2019. Pour le climat : une taxe juste, pas juste une taxe. Conseil d’analyse économique. Les notes du Conseil d’analyse économique, N° 50. Lien
  3. Voir Laser Talk sur le Klimabonus en Autriche. Lien
  4. Voir Laser Talk sur la remise carbone au Canada. Lien

Dernière mise à jour : 2024-05-30


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Est-ce que la tarification carbone favorise l’innovation bas carbone ?

Est-ce que la tarification carbone favorise l’innovation bas carbone ? 900 479 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : Oui, la tarification carbone stimule les innovations bas carbone. En augmentant le coût des énergies fossiles de façon progressive et prédictible, la tarification carbone fait en sorte que les entreprises ont un intérêt économique à investir pour développer des innovations bas carbone. Elles cherchent à éviter de payer le surcoût de la tarification carbone et à générer du profit en commercialisant de nouvelles solutions bas carbone.

La tarification carbone stimule l’innovation verte dans tous les secteurs. Une étude couvrant 38 pays de l’OCDE pendant plus de 30 ans a montré que la tarification carbone augmente de 30 % le nombre de dépôts de brevets de technologies bas carbone [1]. Cet effet est observé après avoir neutralisé les autres facteurs économiques. De même, une synthèse de plus de 200 études montre qu’un prix élevé de l’énergie induit une augmentation du nombre de brevets pour des technologies bas carbone dans le secteur de l’industrie, de l’électricité et du transport [2].

Dans le secteur électrique, une analyse couvrant 74 pays pendant une vingtaine d’années a montré qu’une augmentation de 2 dollars du prix du baril d’essence a entraîné une augmentation de 13 % des brevets dans les technologies solaires et éoliennes sur l’année suivante [3]. Une étude couvrant 80 pays pendant 40 ans trouve qu’une hausse de 10 % du prix du pétrole se traduit par une augmentation de 10 % des dépôts de brevets verts et une diminution de 6 % des brevets bruns dans l’industrie de l’automobile [4].

La tarification carbone est une réglementation souple qui laisse la liberté aux entreprises de choisir quelles technologies bas carbone développer. Néanmoins, la prédictibilité de la trajectoire de la tarification carbone est indispensable aux entreprises afin qu’elles puissent planifier, sur le moyen et long terme, leur retour sur investissements et le montant à consacrer à leur développement pour atteindre la rentabilité. Il faut noter que l’innovation n’est pas que technologique et des incitations via la tarification carbone peuvent stimuler des changements sociaux comme le co-voiturage, la mutualisation de biens, le recyclage, etc.

Plusieurs raisons supplémentaires devraient nous inciter à stimuler l’innovation bas carbone aussi tôt que possible [5] : elle procure un avantage technologique aux entreprises, ce qui neutralise le risque de délocalisation (les « fuites de carbone ») ; les innovations bas carbone se cumulent et s’amplifient (path dependency) ; les innovations se disséminent entre industries et entre pays (spillover effect).

Enfin, la tarification carbone ne suffit pas à elle seule pour stimuler l’innovation carbone, et plusieurs mesures sont nécessaires, comme par exemple les investissements publics dans la R&D.

En bref : De nombreuses études montrent que la tarification carbone stimule les innovations bas carbone. En augmentant le coût des énergies fossiles de façon progressive et prédictible, les entreprises ont un intérêt économique à investir pour développer des innovations bas carbone. C’est une réglementation souple qui laisse la liberté aux entreprises de choisir quelles technologies bas carbone développer. Néanmoins, la prédictibilité de la trajectoire de la tarification carbone est indispensable aux entreprises afin qu’elles puissent planifier. Enfin, la tarification carbone ne suffit pas à elle seule pour stimuler l’innovation carbone, et plusieurs mesures sont nécessaires, comme par exemple les investissements publics dans la R&D.

  1. LIM, Sijeong & PRAKASH, Aseem. 2023. Does carbon pricing spur climate innovation? A panel study, 1986–2019. Elsevier. Lien. Voir aussi l’article de blog.
  2. GRUBB, Michael et al. 2021. Induced innovation in energy technologies and systems: a review of evidence and potential implications for CO2 mitigation. IOP Science. Lien
  3. BAYER, Patrick et al. 2013. Global patterns of renewable energy innovation, 1990–2009. Lien
  4. AGHION, Philippe et al. 2016. Carbon Taxes, Path Dependency, and Directed Technical Change: Evidence from the Auto Industry. Journal of Political Economy. Lien
  5. POPP, David. 2019. Environmental policy and innovation: a decade of research. Lien

Dernière mise à jour : 2024-05-17


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Est-ce que la tarification carbone permet de mobiliser les investissements pour le climat ?

Est-ce que la tarification carbone permet de mobiliser les investissements pour le climat ? 900 479 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : Oui, la tarification carbone permet de mobiliser les investissements des ménages et des entreprises vers des solutions bas carbone.

Le gouvernement, les entreprises et les ménages doivent périodiquement réaliser des investissements pour des équipements (voiture, bâtiment, chaudière, machine, etc.). On appelle « dépenses brunes » les investissements dans des équipements utilisateurs d’énergie fossile , et « dépenses vertes » les investissements dans des équipements bas carbone. Pour réussir la transition énergétique, les dépenses brunes devront diminuer et les dépenses vertes augmenter.

À l’échelle de la France, on estime que les besoins de financement pour la transition écologique sont de l’ordre de 60 milliards d’euros par an jusqu’en 2030 [1]. Ces investissements seraient réalisés à 40 % par le gouvernement et à 60 % par le privé (entreprises et ménages). La majorité de ces investissements serait financée par la réorientation des dépenses brunes vers des dépenses vertes.

À l’échelle mondiale, le dernier rapport du GIEC souligne que les flux de capitaux disponibles sont déjà suffisants pour financer la transition écologique. La question n’est pas de trouver de l’argent supplémentaire. L’enjeu est de réorienter les investissements mondiaux depuis des dépenses brunes vers des dépenses vertes [2,3]. 

Toujours d’après le dernier rapport du GIEC, la tarification carbone est un levier efficace pour réorienter les flux de financement vers des dépenses vertes [4]. Le signal-prix donne une incitation économique puissante aux entreprises et aux ménages à réorienter leurs investissements vers des dépenses vertes et donc à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Pour réduire l’incertitude et le risque lié aux investissements dans des solutions bas carbone, les investisseurs (institutions financières et entreprises) ont besoin d’un signal crédible, stable et clair de la part des autorités gouvernementales [5]. C’est pourquoi la trajectoire de prix de la tarification carbone doit être prévisible dans le temps.

Une tarification du carbone ambitieuse et prédictible est notamment soutenue dans une note de position de l’Alliance des investisseurs engagés pour la neutralité carbone, placée sous l’égide de l’ONU [6]. Cette alliance regroupe plus de 88 instituts d’investissement, totalisant plus de 9,5 trillions de dollars d’actifs sous gestion [7]. Cette mesure est aussi soutenue dans une lettre ouverte signée par plus de 200 entreprises multinationales représentant plus de 1,5 trillions de dollars de chiffre d’affaires annuel [8].

Il faut préciser que de nombreuses mesures, en plus de la tarification carbone, sont nécessaires pour mobiliser les investissements pour le climat [4], comme des subventions vertes, le financement de la R&D, les prêts garantis par l’État, le développement des marchés d’obligations vertes, les contrats pour différences, etc.

En bref : Oui, la tarification carbone permet de mobiliser les investissements des ménages et des entreprises vers des solutions bas carbone et efficaces. Pour réussir la transition énergétique, les dépenses brunes doivent diminuer et les dépenses vertes augmenter. D’après le dernier rapport du GIEC, la tarification carbone est un levier efficace pour réorienter les flux de financement vers des dépenses vertes. Pour réduire l’incertitude et le risque lié aux investissements dans des solutions bas carbone, la trajectoire de prix de la tarification carbone doit être prévisible dans le temps.

  1. France Stratégie. 2023. Rapport Pisani-Mahfouz : Les incidences économiques de l’action pour le climat. Synthèse. Chapitre 10. Sections 1 et 2. Lien
  2. Le Monde. 2022. Les entretiens de chaleur humaine : entretien avec Céline Guivarch. Lien
  3. GIEC. 2022. AR6 WG3 Résumé pour décideurs. Section E.5.2 Lien
  4. GIEC. 2022. AR6 WG3. Chapitre 15, section 15.6.2. Lien
  5. GIEC. 2022. AR6 WG3 Résumé pour décideurs. Section E.5.4 Lien
  6. UNEP. 2022. Net-Zero Asset Owner Alliance Position Paper on Governmental Carbon Pricing. Lien
  7. UNEP. 2024. Members of the Members Net-Zero Asset Owner Alliance. Lien
  8. We Mean Business Coalition. 2023. COP 28 : Businesses urge governments to phase out fossil fuels. Lien

Dernière mise à jour : 2024-05-17


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Est-ce que la tarification carbone va suffire toute seule ?

Est-ce que la tarification carbone va suffire toute seule ? 900 479 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : Bien que la tarification carbone soit le levier le plus efficace pour réduire les émissions, elle ne suffira pas toute seule à atteindre notre objectif climatique. C’est ce qui est souligné par les experts, et ce qui est bien reconnu par CCL France.

Comme souligné dans le rapport du GIEC, des mesures climatiques supplémentaires doivent venir complémenter la tarification carbone :

Nonetheless, winning support will require a mix of policies which go beyond carbon pricing, and include subsidies, mandates and feebates.” [1]

« Néanmoins, pour obtenir un soutien, il faudra un ensemble de politiques allant au-delà de la tarification du carbone et incluant des subventions, des mandats et des bonus-malus. »

However, many researchers recognise that complementary policies must be developed to set current production and consumption patterns toward a path consistent with achieving the Paris Agreement goals as cap-and-trade or carbon taxes are not enough.” [2]

« Cependant, de nombreux chercheurs reconnaissent que des politiques complémentaires doivent être développées pour orienter les modes de production et de consommation actuels vers une voie compatible avec la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, car les marchés carbone et les taxes carbone ne suffisent pas. »

De plus, les modélisations sur la tarification carbone montrent que si elle est importante pour réduire les émissions, elle ne permettra pas seule d’atteindre la neutralité carbone à temps [3].

Enfin, le rapport spécial du GIEC sur l’objectif 1.5°C affirme également que la tarification carbone est un levier central à tout scénario de réduction des émissions compatible avec 1.5°C, mais  qu’il faut coupler ce levier à d’autres mesures :

« While an explicit carbon pricing mechanism is central to prompt mitigation scenarios compatible with 1.5°C pathways, a complementary mix of stringent policies is required. » [4]

« Bien qu’un mécanisme explicite de tarification du carbone est central pour entraîner un scénario de réduction des émissions compatible avec l’objectif de 1.5°C,  un ensemble complémentaire de mesures rigoureuses est nécessaire. »

Il n’y a pas de solution miracle. Nous aurons besoin de tous les leviers disponibles pour réussir la transition écologique et conserver un climat stable.

En bref : Bien que la tarification carbone soit le levier le plus efficace pour réduire les émissions, elle ne suffira pas toute seule à atteindre notre objectif climatique. C’est ce qui est souligné par le GIEC et les experts, et ce qui est bien reconnu par CCL France. Il n’y a pas de solution miracle. Nous aurons besoin de tous les leviers disponibles pour réussir la transition écologique et conserver un climat stable.

  1. GIEC. 2022. AR6 WG3 Chapitre 3 Section 3.8.4 : Enabling Factors. Lien
  2. GIEC. 2022. AR6 WG3 Chapitre 11 Section 11.6.1 : GHG Prices and GHG Markets. Lien
  3. Voir Laser Talk : « Est-ce que la tarification carbone permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre ? ». Lien
  4. GIEC. 2018. Special Report: Global Warming of 1.5°C. Section 2.5.2.1 : Price of carbon emissions. Lien

Dernière mise à jour : 2024-05-17


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Que disent les experts à propos de la tarification carbone ?

Que disent les experts à propos de la tarification carbone ? 900 479 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : En plus du GIEC, il y a un large consensus parmi les experts en faveur de la tarification carbone.

Plus de 3600 économistes académiques, parmi lesquels 28 lauréats du prix Nobel d’économie, ont publié une lettre ouverte affirmant que la tarification carbone est « le levier le plus efficace pour réduire nos émissions à l’échelle et à la cadence nécessaire » [1]. La lettre ouverte souligne aussi que tous les revenus issus de la tarification carbone doivent être retournés directement aux familles. Signée par des économistes issus de tout l’éventail politique, il s’agit de la pétition qui a récolté le plus de signatures de l’histoire de l’économie.

L’association européenne des économistes de l’environnement et des ressources naturelles (EAERE) a également publié une lettre ouverte soutenant la tarification carbone [2]. Ce manifeste a été signé par plus de 1700 économistes.

Un sondage de 445 experts sur la question, issus de 39 pays différents, montre qu’il y a un consensus général sur le fait qu’une tarification carbone plus ambitieuse est nécessaire pour réussir la transition [3]. Plus de 98 % des experts sondés recommandent un prix du carbone global plus haut que celui actuel. La recommandation moyenne du prix carbone global est de 50 $ /tCO2 en 2020, 92 $ en 2030 et 224 $ en 2050 (le prix carbone global est actuellement autour de 3 $ /tCO2).

En France, de nombreux organismes experts soutiennent la tarification carbone, comme l’ADEME [4] (dans le cadre plus général de ce qu’ils appellent la valeur équitable du carbone) ou la commission Blanchard-Tirole [5], qui donne une « approbation sans réserve à une tarification carbone bien conçue. »

Quand les experts recommandent la tarification carbone, ils précisent généralement qu’elle doit être accompagnée de mesures pour compenser son impact sur les ménages.

En bref : En plus du GIEC, il y a un large consensus parmi les experts en faveur de la tarification carbone. Plus de 3600 économistes académiques, dont 28 lauréats du prix Nobel d’économie, ont publié une lettre ouverte affirmant que la tarification carbone est « le levier le plus efficace pour réduire nos émissions à l’échelle et à la cadence nécessaire ». En France, plusieurs organismes experts soutiennent la tarification carbone, comme l’ADEME ou la commission Blanchard-Tirole. Il faut préciser que quand les experts recommandent la tarification carbone, ils précisent généralement qu’elle doit être accompagnée de mesures pour neutraliser son impact sur les ménages.

  1. Climate Leadership Council. 2019. Economists’ Statement on Carbon Dividends. Lien
  2. EAERE. 2019. Economists’ Statement on Carbon Pricing. Lien
  3. Université de Copenhague. 2022. Survey: Strong consensus among experts for higher CO2 prices. Lien
  4. ADEME. 2022. Analyse des conditions de reprise d’une valeur équitable du carbone. Lien
  5. France Stratégie. 2021. Les grands défis économiques, par la commission internationale Blanchard-Tirole. Lien

Dernière mise à jour : 2024-02-27


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Que dit le GIEC à propos de la tarification carbone ?

Que dit le GIEC à propos de la tarification carbone ? 900 479 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : Dans son dernier rapport, le GIEC dit bien que la tarification carbone est efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre :

« There is abundant evidence that carbon pricing policies reduce emissions. » [1]

« Il y a une abondance de preuves que la tarification carbone réduit les émissions. »

Among the wide range of climate policy instruments, pricing carbon such as a carbon tax or an emissions trading system has been one of the most widely used and effective options to reduce GHG emissions (robust evidence, high agreement). » [2]

« Parmi la panoplie des mesures climatiques, la tarification du carbone, à travers une taxe carbone ou un marché carbone, a été une des options les plus utilisées et les plus efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (preuves robustes, consensus très général). »

Le GIEC souligne également que les pays devraient l’implémenter avec plus d’ambition :

While the coverage of emissions trading and carbon taxes has risen to over 20 percent of global CO2 emissions, both coverage and price are lower than is needed for deep reductions” [3]

« Même si la couverture des marchés carbone et des taxes carbone a augmenté pour atteindre plus de 20% des émissions globales, l’étendue de la couverture et le prix carbone sont plus bas que ce qui est nécessaire pour une diminution drastique des émissions. »

The High Level Commission on carbon pricing estimated an appropriate range as USD40-80/tCO2 in 2020, rising steadily thereafter. In practice the extent and level of carbon pricing implemented to date is far lower than this or than most economic analyses now recommend” [4]

« La Commission d’experts sur la tarification carbone a estimé que la valeur appropriée [du prix du carbone] se trouve entre 40$ et 80$ /tCO2 en 2020, qui augmenterait régulièrement par la suite. En pratique, l’étendue et le niveau des tarifications carbones mises en œuvre à ce jour sont bien inférieurs à cette valeur, ou à ce qui est recommandé par la plupart des analyses économiques. »

Enfin, le GIEC souligne bien que la tarification carbone est un levier nécessaire, mais pas suffisant, pour réussir la transition écologique et conserver un climat stable. [5]

En bref : Dans son dernier rapport, le GIEC dit bien que la tarification carbone est efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il y a une abondance de preuves que la tarification carbone réduit les émissions. Le rapport souligne également que les pays devraient la mettre en œuvre avec plus d’ambition, à la fois en termes de couverture que de prix du carbone.

  1. GIEC. 2022. AR6 WG3 Chapitre 13 Section 13.6.3.3 : Evaluation of Carbon Pricing Experience. Lien
  2. GIEC. 2022. AR6 WG3 Chapitre 2 Section 2.8.2 : Comprehensive Multinational Assessments. Lien
  3. GIEC. 2022. AR6 WG3 Chapitre 13 : Résumé exécutif. Lien
  4. GIEC. 2022. AR6 WG3 Chapitre 1 Section 1.8.2 : Illustrations of Multi-dimensional Assessment: Lock-in, Policies and ‘Just Transition’. Lien
  5. Voir Laser Talk : Est-ce que la tarification carbone va suffire toute seule ? En préparation

Dernière mise à jour : 2024-01-22


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Qu’est-ce que le « Klimageld » en Allemagne ?

Qu’est-ce que le « Klimageld » en Allemagne ? 900 479 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Réponse : En Allemagne, le gouvernement actuel est en train de mettre en place un système pour redistribuer les revenus de leur tarification carbone directement aux citoyens. Ce paiement est appelé « Klimageld » (se traduit littéralement par « argent du climat »).

En 2021, pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et protéger le climat, l’Allemagne a implémenté une tarification carbone nationale sous forme de système d’échange de quotas d’émission, le BEHG (Brennstoffemissionshandelsgesetz) [1]. Le BEHG augmente progressivement le prix des énergies fossiles utilisées dans le transport routier et le bâtiment (essence, diesel, GNL, gaz fossile, fioul). Pour les premières années de fonctionnement, le prix du quota d’émission est fixé. Il est actuellement à 45€ /tCO2 [2].

Pour compenser l’impact sur les ménages, la coalition gouvernementale a prévu d’implémenter un système de redistribution sociale, appelé le Klimageld. Lors des élections de 2021, plusieurs partis politiques incluent le Klimageld dans leur programme. À l’issue des élections, le Klimageld est inscrit dans le traité de coalition signé par les 3 partis politiques qui composent ensemble le gouvernement allemand actuel (SPD, Die Grünen et FDP) [3].

Le gouvernement allemand est activement en train de mettre en place le Klimageld. La première étape consiste à créer une infrastructure informatique permettant de délivrer les paiements à tous les citoyens allemands. La seconde étape consiste à mobiliser les fonds, qui pour l’instant sont fléchés dans le Fonds pour le climat et l’énergie (Energie und Klimafonds, EKF) prévu pour des investissements verts. Le gouvernement allemand avance que le mécanisme de paiement sera opérationnel en 2025 et que les premiers paiements se feront en 2027 au plus tard [4].

Le Klimageld est très demandé par la société civile. Alors que le BEHG est en place depuis 2021 et que son prix augmente progressivement, la nécessité sociale du Klimageld se fait sentir. Le mouvement Fridays For Future Allemagne en a fait une des ses principales demandes lors de la manifestation mondiale pour le climat [5,6]. Une coalition de 17 associations environnementales et sociales ont demandé au Ministre des Finances de débuter les paiements du Klimageld avant 2027 [7]. Dirk Messner, président de l’Umweltbundesamt (UBA, homologue allemand de l’ADEME), soutient publiquement que l’Allemagne devrait implémenter le Klimageld et servir de modèle aux autres pays européens qui devront aussi compenser les impacts financiers qu’aura le futur marché carbone sur le transport routier et le bâtiment sur la population [8,9].

De nombreux économistes se sont prononcés en faveur de cette mesure, qu’ils estiment nécessaire pour que la tarification du carbone soit soutenable. Notamment, le président de l’Institut national pour la recherche économique a participé à la conférence de presse organisée par Fridays For Future Allemagne devant le siège de la Chancellerie fédérale pour soutenir le Klimageld [10].

En France, nous avons aussi une taxe carbone depuis 2014. Cependant, seulement un quart des revenus sont utilisés pour compenser les ménages, le reste allant au budget de l’État [11], ce qui était une des causes du mouvement des Gilets jaunes en 2018. Comme l’Allemagne, nous pouvons aussi demander un « versement climat » pour assurer l’équité sociale et la transparence sur l’usage des recettes.

En bref : En Allemagne, le gouvernement actuel est en train de mettre en place un système pour redistribuer les revenus de leur tarification carbone directement aux citoyens, appelé « Klimageld » (se traduit littéralement par « argent du climat »). Le Klimageld est inscrit dans le traité de coalition signé par les 3 partis politiques qui composent ensemble le gouvernement allemand actuel. Le gouvernement allemand est activement en train de mettre en place l’infrastructure numérique pour payer le Klimageld aux citoyens allemands. Le mécanisme de paiement sera opérationnel en 2025 et les premiers paiements se feront au plus tard en 2027. Le Klimageld est très demandé par la société civile : associations, syndicats, experts demandent à ce qu’il soit implémenté plus vite.

  1. Agence allemande de l’environnement. 2023. Understanding national emissions trading. Lien
  2. Clean Energy Wire. 2024. Germany’s carbon pricing system for transport and buildings. Lien
  3. SPD, Die Grünen et FDP. 2021. Traité de coalition. Partie III, section « Klima, Energie, Transformation ». Lien
    Citation : « Um einen künftigen Preisanstieg zu kompensieren und die Akzeptanz des Marktsystems zu gewährleisten, werden wir einen sozialen Kompensationsmechanismus über die Abschaffung der EEG-Umlage hinaus entwickeln (Klimageld). »
    Traduction : « Afin de compenser les futures hausses de prix et de garantir l’acceptation [du BEHG], nous développerons un mécanisme de compensation sociale au-delà de la suppression [de la surtaxe sur l’électricité] (Klimageld). »
  4. Clean Energy Wire. Janvier 2024. Climate bonus must start by 2027 the latest, when new EU emissions trading system begins – govt. Lien
  5. Klimastreik 15/09. Septembre 2023. Page d’information. Lien
  6. Fridays for Future Allemagne. 2023. Klimageld – wieso, weshalb, warum? Lien
  7. Klima Allianz Deutschland. 2024. Offener Brief: Verbände fordern Klimageld noch in dieser Legislaturperiode. Lien
  8. Clean Energy Wire. Avril 2024. Germany must support other EU countries in preparing for social impacts of new CO2 price – env agency. Lien
  9. Voir Laser Talk sur SEQE-UE 2. Lien
  10. Frankfurter Allgemeine. Septembre 2023. Fridays for Future demande le Klimageld. Lien
  11. Voir Laser Talk sur l’usage des revenus de la composante carbone en France. Lien

Dernière mise à jour : 2024-05-21


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