CCL France à la COP 28 !

CCL France à la COP 28 ! 800 580 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Voici le témoignage de Marin Chaveyriat, président de CCL France, qui a pu assister à la COP 28 à Dubaï.


Début décembre, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre à la COP 28 à Dubaï pour représenter CCL France.

Avant de continuer, quelques précisions :

  • D’abord, du point de vue environnemental : j’ai très peu voyagé en avion dans ma vie, et la dernière fois c’était il y a plus de 5 ans pour un stage universitaire en Grèce. Peu de temps après, quand j’ai vraiment compris l’empreinte carbone du voyage en avion, je n’ai plus voyagé en utilisant ce mode de transport. Dans ma vie personnelle, je suis 100% télétravail, 100% RER B et 90% végétarien. Même en comptant ce voyage à la COP 28, mon empreinte carbone personnelle reste basse ;
  • Ensuite, du point de vue budgétaire : étant donné que j’étais gracieusement hébergé sur place par des amis expatriés, et que j’ai pris un vol aller-retour à bas prix, le voyage a coûté moins de 1 000 € pour 10 jours, soit moins de 100 € par jour. Le voyage a été financé à moitié par CCL France et à moitié par CCL International.

Participer à la COP 28 était une excellente occasion de créer des liens avec des Français impliqués dans la cause climatique, qu’ils soient du monde scientifique, de l’entreprise, associatif, médiatique ou politique. C’était aussi une occasion unique d’échanger à propos de la tarification du carbone avec des responsables politiques du monde entier.

J’ai pu assister à la première semaine de la COP, du 28 novembre au 6 décembre. En arrivant sur place, j’ai dû décider quoi faire de mon temps. L’activité principale de la COP se déroule dans les salles de négociation, mais ce n’est pas quelque chose sur lequel je pouvais agir directement. Par ailleurs, l’avancement des négociations est déjà suivi de près par des experts et des ONGs, qui publient une synthèse à la fin de la COP.

Où d’autre pourrais-je aller ? La plupart des pays disposent de bureaux individuels où leur délégation (composée des négociateurs, de membres des ministères et d’experts climatiques) se retrouve et se repose entre les sessions de négociations. On peut facilement aller frapper à la porte pour discuter rapidement avec eux. C’est ce que nous avions fait avec James Collis, directeur CCL Europe, lors de la COP 26 à Glasgow.

Mais comment aborder le sujet de la tarification du carbone ? C’est là qu’intervient le Défi mondial sur la tarification du carbone du Canada. Le Canada est le premier pays du G20 à attribuer un prix au carbone sur 80 % de ses émissions domestiques et à restituer les revenus directement à ses citoyens. Cependant, le Canada ne résoudra pas seul le changement climatique. Ainsi, son gouvernement appelle les autres pays à adopter une tarification du carbone pour réduire leurs émissions. L’objectif de l’initiative est que 60 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre soient couvertes par une tarification du carbone d’ici 2030 (la couverture est actuellement de 23 %).

Le texte final de la COP doit être approuvé à l’unanimité par les 197 pays participants. C’est pourquoi il est souvent faible et peu contraignant. À l’inverse, les initiatives dites bottom-up, où les pays peuvent rejoindre librement, peuvent potentiellement être plus efficaces. Étant donné que 4 puissances industrielles (la Chine, l’Union européenne, l’Inde et les États-Unis) sont actuellement responsables de près de 60% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un accord entre ces puissances sur la tarification du carbone résoudrait déjà une bonne partie du problème, et entraînerait les autres pays à s’engager dans la réduction des énergies fossiles. Un accord serait plus simple à trouver entre 4 pays qu’entre 197.

J’ai donc rédigé une brochure décrivant le Défi mondial sur la tarification du carbone du Canada et je l’ai délivrée dans les bureaux des délégations. Je me suis concentré sur les pays regroupant 3 critères :

  • Avaient déjà mis en place une tarification du carbone (au niveau national ou infranational) ou en cours de mise en place ;
  • Avaient un bureau dans la COP 28 ;
  • N’avaient pas encore rejoint l’initiative.

17 pays satisfaisaient à ces critères : l’Australie, le Brésil, la Chine, la Colombie, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, le Kenya, la Malaisie, le Maroc, Singapour, l’Afrique du Sud, la Suisse, la Thaïlande, la Turquie, l’Ukraine et les États-Unis.

(je ne compte pas les pays européens puisque l’UE dans son ensemble a rejoint l’initiative une semaine avant la COP 28)

Avec Alba Peña, présidente de CCL Mexique, nous avons réussi à distribuer la brochure à tous les bureaux, à l’exception de ceux d’Australie, du Brésil et de Malaisie.

Lorsque nous frappions aux portes des bureaux, nous étions toujours bien reçus. Tout se passe bien quand c’est fait avec respect et appréciation. Les membres de la délégation dans les bureaux étaient intéressés par l’initiative du Canada.

Bien sûr, il aurait été préférable d’avoir une réunion de lobbying formelle et de disposer de plus de temps pour créer des liens plus profonds. Cependant, c’était compliqué d’en demander une. Il y avait des barrières culturelles, des barrières linguistiques et, plus important encore, les agendas des négociateurs sont très, très chargés pendant les COP. De plus, les discussions sur le texte final ne couvrent pas la tarification du carbone, car il s’agit d’une politique climatique décidée au niveau national et l’ONU ne peut pas outrepasser la souveraineté d’un pays. Les négociateurs étaient déjà très occupés avec d’autres sujets climatiques, supranationaux.

Délivrer cette brochure et parler du défi du Canada dans les bureaux des pays est, je crois, l’une des actions les plus efficaces que nous puissions réaliser pour renforcer le momentum politique en faveur de la tarification du carbone à la COP 28.

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