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Christian Gollier et Jean Tirole : « L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre doit avoir le moindre impact social »

Christian Gollier et Jean Tirole : « L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre doit avoir le moindre impact social » 863 633 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Christian Gollier, économiste Jean Tirole, prix Nobel d’économie Les deux économistes prônent, dans une tribune au « Monde », l’usage systématique du principe du pollueur-payeur grâce à la tarification du carbone et l’évaluation des mesures environnementales au prisme du coût de la tonne de CO2 évitée.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/03/christian-gollier-et-jean-tirole-l-objectif-de-reduction-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-doit-avoir-le-moindre-impact-social_6093286_3232.html#xtor=AL-32280270-default-android

Webinar C2ES – Ajustement carbone aux frontières

Webinar C2ES – Ajustement carbone aux frontières 800 433 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Les propositions US (BCA) et EU (CBAM) expliquées, table ronde avec Pascal Lamy et le LCL

Par C2ES : Center for Climate and Energy Solutions

Ce webinar sur le prix carbone / CBAM BCA aux US et en Europe présente les réglementations en discussion au Congrès américain et en Europe.

En particulier à partir de la 40ème minute : Pascal Lamy (ex-commissaire européen du commerce, ex-directeur WTO (organisation mondiale du commerce) et ayant contribué au développement du CBAM (ajustement carbone aux frontières) européen, participant au Think Tank Européen Jacques Delors.

Pourquoi un CBAM ? – Parce que le prix carbone en Europe pour les entreprises est bien plus haut que les autres dans le monde (55€/t en juillet 2021) (l’Europe a le désavantage des first movers). Le CBAM proposé par l’Europe est conçu pour respecter les règles WTO (les allocations gratuites seront supprimées progressivement à mesure que le CBAM sera mis en œuvre). L’institut Jacques Delors critique le rythme trop faible de diminution des allocations gratuites (jusque 2035). Il critique aussi le fait que les fonds de revenu aillent au budget européen et non aux pays les plus pauvres, pour les aider à décarboner. Nous supposons que les US vont aller vers un système de réglementation plutôt qu’un ETS ; il suggère donc de créer une plate-forme de compatibilité qui mesure et reconnaît des réglementations spécifiques comme équivalentes à un prix carbone (et pourrait être créée au sein de la WTO). On a le temps car les premiers produits choisis (ciment et acier) ne sont pas échangés avec les US. Ensuite l’objectif sera d’inclure la Chine, puis le G20, puis WTO, afin que tous reconnaissent ce système comme nécessaire pour le climat et permettant de conserver un commerce international. 

Très intéressant également, la présentation de Catrina Rorke du CLC (Climate Leadership Council), à partir de 1:01′, qui explique en 5 minutes le plan Baker Schultz (similaire à celui de CCL mais plus marqué républicain, via une simplification réglementaire, l’exclusion du gaz naturel et ayant comme membres fondateurs de nombreuses entreprises). Elle présente le rapport « America’s Carbon Advantage » qui montre que le secteur Acier aux US aurait un intérêt direct au BCA (Border Carbon Adjustment) car l’empreinte carbone de leur acier est plus faible que celle de l’acier qu’ils importent (de Chine, Russie et Inde).
Contrairement à la proposition du CLC, Pascal Lamy (en accord avec la proposition européenne du CBAM) ne souhaite pas une réduction des taxes CO2 à l’export (« export rebates ») car incompatible / difficilement compatible avec le WTO.
À la question : « devrait-on considérer les subventions aux énergies fossiles comme un prix négatif implicite au carbone », Pascal Lamy répond : « ne compliquons pas trop les discussions du CBAM. On sait qu’on doit arrêter les subventions aux énergies fossiles et on le discute depuis 20 ans. Le principal est de supprimer le charbon (on peut le faire directement via le G20), puis on s’occupera du gaz. »

Le FMI propose un prix CO2 plancher international

Le FMI propose un prix CO2 plancher international 632 379 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Bonne nouvelle ! Le Fond Monétaire International propose la mise en place d’un prix plancher CO2 international qui pourrait s’appliquer à tout ou partie des pays du G20 via des mécanismes différents et avec un prix adapté au développement économique de chaque pays. Objectif mini de 75$/t en 2030 (le prix moyen aujourd’hui est de…

https://www.business-standard.com/article/economy-policy/imf-proposes-setting-up-of-an-international-carbon-price-floor-121061900488_1.html

Taxe carbone : « Mettre le commerce international au service du climat »

Taxe carbone : « Mettre le commerce international au service du climat » 800 400 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Les chercheurs Carole Mathieu et Christian de Perthuis rappellent, dans une tribune au « Monde », les enjeux du projet de taxe carbone aux frontières que la Commission européenne présentera le 14 juillet.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/07/05/taxe-carbone-mettre-le-commerce-international-au-service-du-climat_6087024_3232.html

Émissions de CO2 : « Nous allons aller 2,5 fois plus vite dans la décennie qui vient », assure Pascal Canfin

Émissions de CO2 : « Nous allons aller 2,5 fois plus vite dans la décennie qui vient », assure Pascal Canfin 1544 862 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Pascal Canfin, député européen Renew Europe, président de la Commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire au Parlement européen, est l’invité de 7h50 sur France Inter. Il évoque l’accord européen obtenu le 21 avril 2021 sur la réduction d’au moins 55 % des émissions de CO2 d’ici 2030.

La plus grande enquête d’opinion sur les changements climatiques au monde révèle qu’une majorité de la population est favorable à une action d’envergure

La plus grande enquête d’opinion sur les changements climatiques au monde révèle qu’une majorité de la population est favorable à une action d’envergure 1200 800 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

https://www.undp.org/content/undp/fr/home/news-centre/news/2021/Worlds_largest_survey_of_public_opinion_on_climate_change_a_majority_of_people_call_for_wide_ranging_action.html

« Peoples’ Climate Vote » une enquête menée par le PNUD, dont les résultats ont été traités par l’Université d’Oxford, reflète l’avis de plus de la moitié de la population mondiale. Soixante-quatre pour cent des personnes interrogées considèrent les changements climatiques comme une urgence mondiale, et ce, malgré l’actuelle pandémie de COVID-19.

New York, 27 janvier 2021 – Les résultats du Peoples’ Climate Vote (le Vote populaire pour le climat), la plus grande enquête d’opinion jamais organisée dans le monde sur les changements climatiques, sont publiés aujourd’hui. Dans le cadre de cette enquête, qui couvre 50 pays abritant plus de la moitié de la population mondiale, ce sont notamment plus d’un demi-million de jeunes de moins de 18 ans qui ont été interrogés, un public clé dans le domaine des changements climatiques, qui ne peut généralement pas encore voter aux élections.

Les résultats détaillés, ventilés par âge, genre et niveau d’instruction, seront communiqués aux gouvernements du monde entier par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a organisé ce sondage innovant en collaboration avec l’Université d’Oxford. Dans de nombreux pays participants, c’est la première fois qu’un sondage d’opinion à grande échelle est réalisé sur le thème des changements climatiques. L’année 2021 sera décisive pour l’engagement des pays en faveur de l’action pour le climat, étant donné qu’un cycle de négociations important se déroulera lors du Sommet sur le climat de l’ONU en novembre à Glasgow, au Royaume-Uni.

Dans cette enquête, il a été demandé aux répondants si les changements climatiques constituaient une urgence mondiale et s’ils soutenaient dix-huit politiques climatiques clés dans six domaines d’action : l’économie, l’énergie, les transports, l’alimentation et l’agriculture, la nature et la protection des populations.

Il ressort de l’enquête que les personnes interrogées souhaitent l’adoption de politiques climatiques plus vastes que celles appliquées actuellement. Par exemple, dans huit des dix pays couverts enregistrant le plus gros volume d’émissions dans le secteur de l’énergie, la majorité des répondants se sont dits favorables au développement des énergies renouvelables. Dans quatre des cinq pays présentant le plus haut taux d’émissions liées au changement d’affectation des terres et pour lesquelles suffisamment de données ont pu être recueillies sur les préférences en matière de politiques, la majorité des personnes interrogées ont affirmé être favorables à la conservation des forêts et des terres. Neuf des dix pays abritant les populations les plus urbanisées sont pour une utilisation accrue de voitures et d’autobus alimentés à l’énergie propre ou du vélo.

Achim Steiner, l’Administrateur du PNUD, a déclaré : « Peu importe d’où ils viennent, les citoyens s’accordent sur le fait que les changements climatiques constituent une urgence mondiale. Le Vote populaire pour le climat révèle également que les habitants de la planète sont conscients de l’envergure de l’action nécessaire, depuis l’agriculture sans incidence négative sur le climat jusqu’à la protection de la nature, en passant par l’investissement dans une relance verte. Le Vote populaire pour le climat confère aux pays un mandat clair, à savoir la conduite d’une action d’envergure pour le climat, avec le soutien du public. »

Cette enquête innovante a été diffusée à travers des plateformes de jeux mobiles, afin de pouvoir toucher des publics généralement difficiles à atteindre lors des sondages, comme les jeunes de moins de 18 ans. Les experts de l’Université d’Oxford ont pondéré l’immense échantillon de répondants afin qu’il soit représentatif des profils de population dans les pays sondés pour ce qui est de l’âge, du genre et du niveau d’instruction, ce qui a permis d’aboutir à une marge d’erreur de seulement +/- 2 %.

Les politiques proposées ont rencontré un franc succès, les plus populaires étant la préservation des forêts et des terres (soutenue par 54 % du public), le développement de l’énergie solaire, éolienne et renouvelable (53 %), l’adoption de techniques agricoles sans incidence négative sur le climat (52 %) et davantage d’investissements dans les entreprises et les emplois verts (50 %).

Le Professeur Stephen Fisher, de la Faculté de sociologie de l’Université d’Oxford, a déclaré : « Cette enquête – la plus grande enquête d’opinion jamais réalisée sur les changements climatiques – nous a montré que les plateformes de jeux mobiles permettaient non seulement d’atteindre beaucoup de monde, mais aussi de sonder différents types de personnes dans un éventail diversifié de pays. Le Vote populaire pour le climat nous a permis d’accéder à une manne de données sans précédent sur l’opinion publique. Les citoyens sont bien plus conscients de l’urgence climatique qu’on ne le pensait. Nous avons également pu constater que la plupart des gens souhaitaient clairement l’adoption de politiques fortes et d’envergure. »

L’enquête a révélé un lien direct entre le niveau d’instruction des personnes et leur souhait qu’une action soit menée pour le climat. Les personnes ayant fréquenté une université ou une école supérieure étaient en très grande majorité conscientes de l’urgence climatique, que ce soit dans des pays à faible revenu comme le Bhoutan (82 %) et la République démocratique du Congo (82 %) ou dans des pays riches tels que la France (87 %) et le Japon (82 %).  

Pour ce qui est de l’âge des répondants, les plus jeunes (moins de 18 ans) ont davantage tendance à considérer les changements climatiques comme une urgence que les personnes plus âgées. Néanmoins, d’autres groupes d’âge ne sont pas loin derrière, avec 65 % des personnes âgées de 18 à 35 ans conscientes de cette urgence, 66 % des celles âgées de 36 à 59 ans et 58 % des plus de 60 ans, ce qui montre à quel point cette problématique s’est aujourd’hui popularisée.

Tarification carbone en Europe : quelles politiques ?

Tarification carbone en Europe : quelles politiques ? 900 828 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

EEB, European Environmental Bureau, est le plus grand réseau d’organisations environnementales citoyennes d’Europe. Il rassemble plus de 160 organisations de la société civile de plus de 35 pays européens. Ensemble, ils travaillent pour un avenir meilleur où l’homme et la nature s’épanouissent ensemble. En décembre 2019, avec le lancement de son Green Deal européen, la…

https://mk0eeborgicuypctuf7e.kinstacdn.com/wp-content/uploads/2021/03/A-Carbon-Pricing-Blueprint-for-the-EU2.pdf

American Petroleum Institute, le principal lobby pétrolier américain, s’apprête à approuver une tarification du carbone

American Petroleum Institute, le principal lobby pétrolier américain, s’apprête à approuver une tarification du carbone 838 436 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Ted Mann et Timothy Puko – 02 Mars 2021 – The Wall Street Journal et L’Opinion

Un projet de communiqué d’American Petroleum Institute déclare que la tarification du carbone pourrait contribuer aux objectifs de l’Accord de Paris.

Le principal lobby du pétrole se prépare à accepter une tarification des émissions de carbone. Cela constituerait le signal le plus fort à ce jour indiquant que les producteurs de gaz et de pétrole sont prêts à accepter les efforts du gouvernement pour faire face au changement climatique.

L’American Petroleum Institute, l’une des associations les plus puissantes de Washington, s’apprête à accepter la fixation d’un prix pour les émissions de carbone, une politique qui « mènerait à la voie la plus économique pour parvenir aux ambitions de l’Accord de Paris », selon une ébauche de communiqué auquel le Wall Street Journal a eu accès.

« L’API soutient une tarification du carbone à l’échelle de l’économie comme principal instrument de politique climatique du gouvernement pour réduire les émissions de CO2 tout en contribuant à maintenir une énergie abordable, plutôt que des mandats ou des actions réglementaires normatives », indique le projet de communiqué.

Le comité de direction de l’API devait discuter de la proposition de communiqué cette semaine. Dans une déclaration au Wall Street Journal, la vice-présidente senior de la communication de l’API, Megan Bloomgren, a expliqué que les efforts du groupe « étaient concentrés sur le soutien d’une nouvelle contribution des Etats-Unis à l’Accord de Paris. »

La tarification du carbone vise à décourager la production de gaz nocifs à effet de serre en fixant un prix sur ces émissions. Le projet de communiqué de l’API adhérerait au concept sur le principe, sans soutenir un programme spécifique de fixation de prix comme une taxe carbone.

Une adhésion à la tarification du carbone par le groupement commercial le plus important du secteur pétrolier soulignerait l’évolution des politiques sur le changement climatique, à mesure que les lobbys reconnaissent les dangers posés par les gaz à effet de serre et s’adaptent à une nouvelle réalité à Washington. Un autre groupe commercial majeur, le Business Roundtable, a apporté son soutien à la tarification du carbone l’an dernier.

Le président Joe Biden a fait campagne sur le traitement de la crise du changement climatique et, depuis qu’il est parvenu au pouvoir avec les démocrates contrôlant le Congrès, plusieurs regroupements commerciaux importants ont annoncé leur soutien à de nouvelles mesures climatiques.

L’API était l’un des opposants les plus féroces il y a un plus de dix ans, quand le Congrès avait envisagé une législation majeure sur la question qui projetait que les émetteurs paient pour leurs contributions au changement climatique. Aujourd’hui, il est le dernier d’une liste d’acteurs à soutenir des plans similaires pour fixer un prix sur les émissions ou les taxer, après une annonce en janvier de la Chambre de commerce des Etats-Unis.

Le projet de communiqué de l’Institut ne va pas jusqu’à soutenir explicitement une taxe sur les émissions de dioxyde de carbone ou tout autre cadre de prix spécifique. Il n’adopte pas non plus le discours des activistes écologistes qui estiment que le monde doit évoluer vers un abandon pur et simple des sources d’énergie fossiles.

Il poursuit néanmoins dans la voie d’un revirement qui s’est accéléré depuis la victoire de Joe Biden. Au cours des dernières semaines, l’API a fait marche arrière concernant son opposition passée à la réglementation directe par l’Etat fédéral des émissions du secteur pétrolier et gazier. Le lobby souligne que le secteur peut jouer un rôle dans la gestion du changement climatique. Cela inclut l’établissement public de fondations pour soutenir une tarification des émissions de carbone.

Dans son rapport annuel sur l’état de l’énergie américaine en janvier, le groupe évoque des « politiques gouvernementales basées sur le marché » pour réduire les émissions au sein de l’économie dans le cadre d’une politique qui soutient le progrès. Le Washington Examiner a observé que c’était la première fois que ce rapport adoptait un tel langage.

« Les risques du changement climatique sont réels », affirme l’API dans son rapport annuel. « Des politiques basées sur le marché peuvent promouvoir des réductions d’émissions significatives au sein de l’économie au plus faible coût sociétal. Un exemple peut être le prix du carbone, qui offre un équilibre entre la réduction des gaz à effet de serre en toute flexibilité et le maintien de l’énergie à un tarif abordable. »

En interne, de nombreux membres de l’API sont farouchement opposés à une taxe carbone ou à l’imposition de normes pour l’utilisation de l’énergie renouvelable, selon une source proche des discussions internes qui les a qualifiées d’« animées ». L’organisation a connu des conflits internes du même ordre concernant sa position sur la réglementation des émissions de méthane, que l’administration Trump avait assouplie à la demande des producteurs indépendants.

Ces différends concernant le changement climatique ont accru la pression sur l’API de l’intérieur. Alors que de nombreuses entreprises américaines et de taille réduite veulent que le lobby promeuve des valeurs traditionnelles, soit moins de réglementations de l’Etat et davantage d’accès aux territoires fédéraux, certaines des majors, particulièrement celles basées en Europe, poussent l’API à accepter la transition énergétique en cours à la faveur d’énergies propres, une évolution impliquant souvent l’intervention de l’Etat.

Deux jours après la publication du rapport annuel, Total SA a annoncé qu’il quittait l’organisation, expliquant que l’API n’était pas parfaitement alignée avec ses positions sur le changement climatique. Le géant pétrolier français cherche à se transformer en producteur et revendeur d’énergie renouvelable et a évoqué l’opposition passée de l’API à une tarification du carbone ainsi que la réglementation américaine sur les émissions de méthane pour justifier sa décision.

« Le Groupe reconnaît l’apport considérable de l’API depuis plus d’un siècle dans le développement de notre industrie », a déclaré Patrick Pouyanné, PDG de Total. « Néanmoins dans le cadre de notre Ambition Climat publiée en mai 2020, nous nous sommes engagés à nous assurer, de manière transparente, que les associations professionnelles auxquelles nous adhérons portent des positions et des messages alignés avec ceux du Groupe dans la lutte contre le réchauffement climatique. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Astrid Mélite)

Les trois thermomètres de l’action climatique, mode d’emploi

Les trois thermomètres de l’action climatique, mode d’emploi 926 567 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSL – Membre du comité scientifique CCL France

Les rejets de CO2 provenant des énergies fossiles et des procédés industriels composent près de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour chaque pays, il existe trois façons de les mesurer : l’empreinte carbone territoriale calcule les rejets de CO2 à l’intérieur des frontières d’un pays ; l’empreinte de consommation, ceux résultant des usages finaux de biens et services ; et l’empreinte d’extraction, ceux issus de l’énergie fossile extraite du pays.

Ces trois empreintes ne s’additionnent pas. Elles constituent trois thermomètres bien distincts, donnant des images qui peuvent être différentes : en 2018, l’empreinte carbone territoriale de la France était, par exemple, de 5,1 tonnes de CO2 par habitant, pour une empreinte de consommation de 6,8 tonnes et une empreinte d’extraction de 0,03 tonne.

La complémentarité des trois thermomètres éclaire les enjeux de la décarbonation des économies. Elle pose également la question de leurs rôles respectifs dans l’établissement et le suivi des objectifs de politique climatique.

L’empreinte territoriale

Le thermomètre communément utilisé pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’un pays est l’inventaire national, réalisé en France par le Centre interprofessionnel technique de la pollution atmosphérique (Citepa).

Lors des COP, c’est lui qu’on utilise pour négocier les engagements des différents pays. Chaque État est souverain sur son territoire et donc directement responsable de son empreinte territoriale. Un système de « monitoring, reporting, verification » (MRV) qui devrait être renforcé dans le cadre de l’application de l’accord de Paris permet leur suivi.

Ces inventaires sont calculés à partir de méthodes harmonisées par le GIEC. La partie la plus robuste est celle concernant le CO2 d’origine énergétique ou résultant de procédés industriels. Les marges d’incertitude sont bien plus élevées pour les émissions et les absorptions liées aux changements d’usage des sols et aux rejets de gaz à effet de serre hors CO2 dont l’agriculture est la première source. Il reste beaucoup de progrès à faire pour fiabiliser et standardiser les méthodes de calcul de cette partie des inventaires.

La récente édition du Global Carbon Budget donne une image complète de ces empreintes territoriales dans le monde jusqu’en 2019. Cette année-là, les rejets de CO2 dans l’atmosphère résultant de l’usage d’énergie fossile et de procédés industriels ont atteint 36,4 gigatonnes de CO2, soit 4,7 tonnes par habitant : ce qu’on émet en produisant 3 tonnes d’acier ou en roulant 20 000 km dans une voiture de moyenne gamme. Les quatre premiers émetteurs – Chine, États-Unis, Union européenne, Inde – contribuent pour un peu plus de 60 % à ces rejets, mais connaissent des évolutions contrastées.

L’Union européenne (UE) est la première à avoir atteint son pic d’émissions en 1980. Son poids relatif a depuis décliné pour représenter moins de 10 % du total mondial. Les États-Unis l’ont atteint en 2007. On a pu penser que la Chine atteignait à son tour son pic avec la stabilisation de ses émissions entre 2014 et 2016. Un diagnostic contredit par la reprise observée depuis 2016. Malgré un niveau d’émissions par tête de seulement 2 tonnes de CO2, l’Inde est devenue le quatrième émetteur mondial et ne devrait pas tarder à dépasser l’UE.

Depuis 2010, c’est dans le bloc du « reste du monde » que les émissions de CO2 se sont accrues le plus rapidement, avec deux groupes très dynamiques : le Proche-Orient et la Russie, d’une part, les autres économies émergentes d’Asie d’autre part. L’Afrique au sud du Sahara pèse encore très peu, la majorité de la population restant tributaire de la biomasse traditionnelle (hors Afrique du Sud).

Émissions annuelles de CO₂ lié aux énergies fossiles et projections pour 2020. Global Carbon Budget (édition 2020), CC BY-NC-ND

L’empreinte de consommation

Avec la globalisation des économies, les chaînes de valeur se sont allongées. Ceci a pour effet de dissocier le lieu où sont utilisés les biens et services de celui où apparaissent les émissions générées par leur production : si le véhicule que j’achète est d’origine étrangère, les émissions associées à sa fabrication apparaîtront dans l’inventaire du pays d’origine. S’il est monté en Europe à partir de tôles importées, les émissions se partageront entre pays d’origine pour la fabrication des tôles et le pays européen où se trouve l’usine de montage.

L’empreinte de consommation recense les émissions résultant de l’usage des biens et services dans une économie. Pour la calculer, il convient de corriger les émissions observées sur le territoire des effets du commerce extérieur : celles induites par les importations de biens et services émetteurs de CO2 doivent être ajoutées ; celles incluses dans les exportations doivent être retranchées.

Au niveau micro-économique, l’empreinte de consommation se calcule à partir des bases de données de l’Ademe qui fournissent les facteurs d’émission de l’ensemble des biens et services consommés. Les méthodes pour reconstituer l’empreinte carbone d’un ménage ou d’une organisation sont standardisées et permettent l’établissement de bilans carbone.

Ces bilans ne peuvent pas s’agréger, car cela conduirait compter plusieurs fois les mêmes émissions. Pour passer à l’échelle macro-économique, les méthodologies sont plus compliquées. On utilise des matrices entrées-sorties issues de la comptabilité nationale, avec des coefficients techniques moyens par secteur réestimés à intervalles périodiques. Avec l’accélération de la transition énergétique, les hypothèses de fixité de ces coefficients techniques sont hardies. Ce type de méthodologie permet de reconstituer une bonne image du passé plutôt que de se projeter dans l’avenir.

Deux bases de données permettent de comparer l’empreinte territoriale des pays avec leur empreinte de consommation pour le CO2 d’origine énergétique : celle de l’OCDE et celle du Global Carbon Budget que nous utilisons ici. La mondialisation s’est traduite par une relocalisation importante d’industries fortement émettrices dans les pays émergents, notamment en Chine qui est le premier exportateur mondial d’émissions de CO2 incorporées dans les biens manufacturés. Dans ces pays, comme en Inde ou en Russie, l’empreinte de consommation est inférieure à l’empreinte territoriale.

Symétriquement, l’Union européenne est le premier importateur net d’émissions de CO2, avec une empreinte de consommation qui dépasse de 23 % les émissions de son territoire (20 % au Japon et 5 % aux États-Unis). À l’intérieur de l’Europe, les situations restent très hétérogènes, entre le Royaume-Uni et la France, où la désindustrialisation a creusé l’écart entre l’empreinte de consommation et les émissions territoriales, et l’Allemagne et la Pologne où l’industrie a bien mieux résisté à la mondialisation.

Depuis 1990, on peut distinguer deux périodes dans l’évolution de l’empreinte de consommation de l’UE. Entre 1990 et 2006, les ciseaux se sont ouverts entre l’empreinte de consommation qui a progressé de 6 % alors que l’empreinte territoriale reculait de 3 %. Depuis 2006, les deux indicateurs sont à la baisse, l’empreinte de consommation reculant plus vite (-22 %) que les émissions territoriales (-19 %).

Global Carbon Budget, CC BY-NC-ND

L’empreinte d’extraction

Tout à l’amont des chaînes de valeur, l’empreinte carbone d’extraction constitue le miroir de l’empreinte de consommation. Elle calcule les émissions de CO2 qui résulteront de l’extraction des énergies fossiles, que ces énergies soient utilisées dans les pays exploitant les gisements ou à l’étranger. Techniquement, l’empreinte carbone des producteurs d’énergies fossiles est plus facile à calculer que l’empreinte de consommation, car il n’y a que trois produits à considérer dont les facteurs d’émission sont bien connus : le charbon, le pétrole et le gaz d’origine fossile.

Dans son rapport « Production Gap », le programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a calculé l’empreinte carbone de production pour l’année 2017.

Avec ce troisième thermomètre, se dessine une nouvelle cartographie des émissions mondiales de CO2. De nouveaux entrants apparaissent dans le top-6 des émetteurs de CO2 : l’Arabie saoudite et l’Australie, pays moyennement peuplés, mais gros exportateurs d’énergie fossile. L’Europe et le Japon disparaissent de la liste des principaux émetteurs, car ils importent la plus grande partie de leur énergie fossile.

En Europe de l’Ouest, le pays à l’empreinte d’extraction la plus élevée est la Norvège, devenue le troisième exportateur mondial de gaz naturel. L’Allemagne et la Pologne suivent du fait de leurs productions charbonnières. Le Royaume-Uni, qui fut le premier producteur mondial d’énergie fossile, pointe à la 27e place. Quant à la France, son empreinte d’extraction est devenue symbolique à la suite de la fermeture des houillères et de l’épuisement du gisement de gaz de Lacq.

L’empreinte d’extraction est un indicateur très utile pour les pays exportateurs d’énergie fossile qui peuvent par exemple baisser leurs émissions territoriales tout en alimentant la hausse des émissions à l’extérieur de leurs frontières via ces exportations. Ce n’est pas le cas de l’UE et de la France dont les émissions induites par le commerce extérieur concernent les importations avec le risque dit de « fuites de carbone » qui pourraient résulter de la délocalisation des émissions.

Quel(s) thermomètre(s) utiliser pour les politiques climatiques dans l’UE et en France ?

Pour éviter le risque de fuites de carbone, une première voie serait de changer de thermomètre en substituant l’empreinte de consommation à l’inventaire national. Une telle substitution aurait deux implications indésirables pour les politiques climatiques. Elle déchargerait les entreprises exportatrices de toute responsabilité puisque leurs émissions ne sont pas incluses dans l’empreinte de consommation ; à comportement inchangé, l’UE ou la France bénéficieraient (ou pâtiraient) de tous progrès (ou régression) opérés chez leurs fournisseurs en matière de réduction d’émission de gaz à effet de serre.

Une deuxième voie consisterait à mixer les deux indicateurs en créant une grandeur composite, sorte d’hybride entre l’empreinte territoriale et l’empreinte de consommation. Dans un récent papier académique, Michael Jakob, Hauke Ward et Jan Christoph Steckel proposent une clef de répartition basée sur les gains à l’échange des différentes partenaires commerciaux. De l’aveu même des auteurs, mettre en pratique cette méthode se heurte à nombre de difficultés du fait de l’insuffisance des données disponibles.

La voie suivie par l’UE consiste à conserver le thermomètre de l’inventaire territorial comme instrument central de politique climatique (en incorporant les émissions du transport aérien international), mais à surveiller les risques de « fuites de carbone » par des mécanismes complémentaires.

Le premier, déjà en place, concerne la régulation des importations de bioénergie destinée à prévenir les risques de déforestation induite par le développement des biocarburants. Le second concerne le projet de mécanisme d’ajustement aux frontières consistant à taxer les importations de biens manufacturés au prorata de leur contenu carbone.

En France, la question de l’utilisation de l’empreinte de consommation a fait l’objet d’un rapport très complet du Haut Conseil pour le climat (HCC). Plusieurs questions clefs sont soulevées.

En premier lieu, il apparaît que le premier poste des émissions importées provient de nos échanges avec les partenaires européens. Le déficit commercial avec l’Allemagne compte lourdement dans notre empreinte carbone. Sauf à imaginer une renationalisation des politiques climatiques, il conviendrait d’utiliser un thermomètre ne comprenant que les échanges extra-européens.

En second lieu, le HCC a passé en revue les émissions indirectes du méthane et de protoxyde d’azote dont la source principale est l’agriculture. Les évaluations de l’empreinte de consommation de ces deux gaz est nettement plus incertaines que celle du CO2. Les incorporer en l’état pourrait s’avérer hasardeux en raison de ces incertitudes statistiques.

Le HCC montre également que la baisse de l’empreinte de consommation est compatible avec la hausse des émissions importées si les émissions domestiques diminuent et/ou les émissions exportées augmentent. Cela a, semble-t-il, été le cas pour la France entre 2005 et 2018.

Enfin, les incertitudes statistiques rendent délicate l’utilisation de l’empreinte de consommation comme outil de suivi des politiques. Ainsi, l’empreinte de consommation était estimée pour l’année 2018 à 11,5 tonnes par habitant d’équivalent CO2 au moment de la publication du rapport du HCC. Elle a été corrigée par les services statistiques à 9,7 tonnes en décembre dernier. Une prochaine correction devrait la ramener à 9,2 tonnes.

Ces raisons devraient conduire à une certaine prudence dans l’utilisation de l’empreinte de consommation dans la définition et le suivi de la politique d’atténuation nationale. Quand une transition n’est pas assez rapide, ce qui est le cas pour la transition bas carbone, c’est rarement en changeant de thermomètre qu’on peut l’accélérer.


Global Carbon Budget, CC BY-NC-ND

Il existe un moyen simple de rendre l’économie plus verte – et il implique des compensations en argent pour tous

Il existe un moyen simple de rendre l’économie plus verte – et il implique des compensations en argent pour tous 1000 600 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Henry D Jacoby

The Guardian – 5 janvier 2021

There’s a simple way to green the economy – and it involves cash prizes for all

Traduit de l’anglais par Jean-Marie, CCL France

Le « dividende carbone » est si élégant qu’il semble trop beau pour être vrai. Les gouvernements devraient en faire une priorité post-pandémique

Au cours de l’année écoulée – alors que les sociétés du monde entier ont dû faire face à leur plus grand défi depuis des décennies – le changement climatique n’a pas été en tête de l’ordre du jour. Mais cela ne signifie pas qu’il a disparu. Loin de là – en fait, nous venons de connaître le mois de septembre le plus chaud depuis 141 ans, et la chaleur extrême enregistrée dans l’Arctique poursuit une tendance inquiétante. Lorsque l’attention se portera à nouveau sur cette menace existentielle permanente, nous aurons, espérons-le, tiré quelques leçons de la pandémie sur ce qui peut être réalisé lorsque l’on fait preuve d’imagination.

Notre approche de la lutte contre la crise climatique sera nécessairement multidimensionnelle. Mais un outil puissant est celui d’une taxe sur le carbone. Jusqu’à présent, cependant, seuls quelques pays ont emprunté cette voie. Pourquoi ?

Tout d’abord, comment fonctionnent les taxes sur le carbone ? En gros, elles pénalisent les combustibles fossiles pour le CO2 émis lors de leur combustion, et offrent ainsi un double avantage par rapport à d’autres mesures. Elles rendent les industries et les produits non polluants plus compétitifs, et génèrent un flux de revenus qui peut être utilisé pour calmer l’opposition à la réduction des émissions.

Le sevrage de nos économies des énergies fossiles implique de les rendre moins attrayantes financièrement. Dans les économies de marché, la plupart des décisions personnelles et commerciales sont dictées par les prix, et partout où un combustible fossile est la source la moins chère, et non interdite, il continuera à dominer. En outre, l’énergie fossile est un adversaire déterminé, qui réinvestit dans la recherche et le développement afin de réduire les coûts et de rester compétitif, même si les énergies renouvelables deviennent moins chères. Une pénalité de prix sur les émissions fossiles vient contrecarrer cette tendance.

Il existe plusieurs façons d’augmenter les prix du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Par exemple, vous pouvez mettre en place un système de taxation et d’échange, qui limite les émissions totales mais encourage les émetteurs à échanger leurs quotas d’émission de carbone. Il est cependant plus simple de taxer les combustibles fossiles lorsqu’ils sont brûlés, car cela envoie un signal de prix clair au marché, ce que ne fait pas un prix d’échange variable. À l’heure actuelle, les taxes sur les énergies fossiles sont perçues tout au long de la chaîne d’approvisionnement, depuis le point de production, comme c’est le cas aux États-Unis avec les taxes de licenciement des États, jusqu’à la vente finale, comme c’est le cas pour les taxes sur l’essence dans de nombreux pays. C’est le désordre.

Pour des raisons d’efficacité environnementale et de facilité de collecte, il est préférable d’imposer les taxes sur le carbone le plus tôt possible : à la tête de puits ou à l’embouchure de la mine, à la sortie de la raffinerie ou au point d’entrée des importations. De cette façon, l’incitation à réduire les émissions se propage dans toute l’économie. Par exemple, une taxe américaine de 50 dollars par tonne métrique de CO2 augmenterait le prix du pétrole quittant les champs pétrolifères du Texas d’environ 21 dollars le baril, et augmenterait les prix dans tout le pays pour le carburant et les produits fabriqués à partir d’énergie à base de pétrole. Cela se répercuterait sur votre magasin local : les produits respectueux de l’environnement deviendraient relativement moins chers, et les produits à forte intensité de carbone seraient plus chers.

Donc, si les taxes sur le carbone sont si efficaces, pourquoi ne sont-elles pas plus largement utilisées ? Eh bien, peut-être est-ce à cause des associations que nous avons tous avec le mot « T ». La taxe, c’est quand vous enlevez de l’argent – aux entreprises, et une fois que cela se répercute sur les prix, aux particuliers. Personne n’aime l’idée d’avoir moins d’argent. Et puis il y a ceux qui soutiennent que l’ajout de taxes nuit à l’économie dans son ensemble. Oui, c’est ignorer le fait que toute taxe serait moins dommageable pour le PIB que les effets du changement climatique, qui a des conséquences dévastatrices. Mais le court terme intégré dans le statu quo économique rend cela difficile à comprendre.

Oui, personne n’aime vraiment les taxes. Elles sont désagréables à envisager, et difficiles à vendre, politiquement. Mais que se passerait-il si tout cela pouvait être neutralisé ? Une petite mise au point politique imaginative qui ferait de l’augmentation du prix de la pollution au CO2 non pas une taxe, mais un cadeau ?

Il existe de nombreuses façons de gérer les recettes d’une taxe sur le carbone. Il n’est pas nécessaire qu’elle disparaisse simplement dans les caisses de l’État. Et c’est là le secret : il est possible de concevoir des systèmes qui permettent d’atteindre ce que l’on appelle la neutralité des recettes – où chaque dollar perçu en taxe retourne dans les poches des gens. Une version de cette idée consisterait à envoyer les recettes au public sous la forme d’un dividende carbone par habitant, dans le cadre d’un contrôle annuel.

Par exemple, en 2020, une taxe de 50 dollars par tonne de CO2 rapporterait à chaque ménage américain un dividende annuel compris entre 1 500 et 2 000 dollars. C’est plus que les chèques de relance de la pandémie distribués à la plupart des contribuables américains compte tenu de la situation économique extrême. Et pourtant, cette taxe serait prélevée chaque année.

Mais quel est l’intérêt de percevoir une taxe si l’on se contente de restituer le produit de la vente ?

Tout se résume à des incitations. La partie fiscale de cet arrangement rendrait les produits à forte intensité de carbone moins attrayants, et les produits verts plus attrayants. Les entreprises respectueuses de l’environnement prospéreraient. Les entreprises polluantes seraient incitées à rendre leurs activités moins dommageables, ce qui favoriserait l’innovation verte. Progressivement, grâce aux millions de choix de consommation effectués chaque jour, l’économie s’orienterait vers une base plus durable.

La part de dividende ne ferait pas que rendre heureux des millions de personnes – qui n’aiment pas recevoir un chèque par la poste – elle aurait un impact social. Même si l’on tient compte de l’augmentation du coût de l’énergie et d’autres biens, tous les groupes de population, à l’exception des plus hauts revenus – ceux qui consomment le plus de biens et de services à forte intensité de carbone – en sortiraient gagnants, et ce serait surtout le groupe de population aux revenus les plus faibles qui en bénéficierait. Ce résultat devrait être particulièrement bienvenu au lendemain de la pandémie Covid-19, qui a imposé les sanctions les plus sévères aux communautés les moins favorisées et a jeté une lumière crue sur les disparités sous-jacentes en matière de revenus et de richesse.

Il existe d’autres modèles neutres en termes de revenus, mais ils ne sont pas aussi bons – une proposition, par exemple, concerne un échange d’impôts. Les recettes de la taxe sur le carbone pourraient être utilisées pour abaisser une taxe sur le travail, comme la taxe sur les salaires. Mais ce serait moins favorable qu’un rabais direct aux ménages à faibles revenus. En revanche, la réduction de l’impôt sur les sociétés dans le cadre d’un échange fiscal favoriserait les groupes de revenus plus riches.

Un dividende carbone semble être une idée nouvelle et inhabituelle. Il n’y a certainement pas beaucoup de mécanismes fiscaux directement comparables en place. Mais si ce n’est pas le moment d’essayer de nouvelles solutions audacieuses – alors que nous avons vu que les gouvernements peuvent déplacer des montagnes dans les bonnes circonstances – alors quand le sera-t-il ? Et bien qu’il semble radical, le dividende n’est en réalité qu’une solution plutôt élégante à un problème majeur, qui contourne habilement nombre des objections politiques habituelles à une augmentation de la fiscalité. Il pourrait même s’agir de la première taxe très populaire.

Sortir les économies de marché de l’énergie fossile va être une lutte longue et difficile. Il faudra également trouver des fonds pour alléger le fardeau de la transition énergétique dans les secteurs de l’économie qui dépendent des énergies fossiles, en aidant les travailleurs déplacés et en soutenant les communautés où ils vivent. Mais la mobilisation du pouvoir du système de prix pour rééquilibrer l’ensemble de l’économie et l’éloigner des industries à forte intensité de carbone, tout en soutenant les personnes à faibles revenus, semble être un excellent point de départ.

  • Henry D Jacoby est professeur émérite de gestion au MIT et ancien codirecteur du programme conjoint du MIT sur la science et la politique du changement mondial

Gary Yohe et Richard Richels ont contribué à la préparation de cet article

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