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« Le prix du carbone a une place centrale dans la transition environnementale »

« Le prix du carbone a une place centrale dans la transition environnementale » 1080 650 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Si les économistes Christian Gollier et Jean-Charles Hourcade s’accordent sur la nécessité du calcul coût bénéfice pour chaque politique de transition, ils divergent sur les rôles respectifs du marché et de l’Etat. Entretien.

Propos recueillis par Antoine Reverchon – Publié le 29 novembre 2019

Entretien. Christian Gollier est économiste, directeur général de l’Ecole d’économie de Toulouse, qu’il a confondée avec Jean Tirole en 2007. Il a été l’un des lead authors (auteurs) du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en 2007, et président élu de l’Association européenne des économistes de l’environnement en 2018. Il est notamment l’auteur de Le Climat après la fin du mois (PUF, 367 pages, 19 euros). Jean-Charles Hourcade est économiste, directeur de recherche au CNRS et directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il a dirigé le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) de 1987 à 2012. Il a étécoordinating lead author (auteur principal) de différents chapitres des rapports du GIEC entre 1995 et 2007 et lead author du rapport 1,5 °C. Il est notamment l’auteur, avec Emmanuel Combet, deFiscalité carbone et finance climat. Un contrat social pour notre temps (Les Petits Matins, 2017). Pour ces deux économistes, donner un prix à la tonne de COémise, que ce soit en l’ajoutant au prix de vente des produits « carbonés », en taxant les émetteurs, ou en échangeant des « permis de polluer », est souvent présenté comme le meilleur moyen d’inciter les acteurs économiques – producteurs et consommateurs – à changer de comportement au bénéfice de la transition énergétique.

Le retrait de la taxe carbone face à la révolte des « gilets jaunes » montre que l’incitation ne coule pas de source…

Christian Gollier : La question posée est : combien est-on prêt à payer pour réduire les émissions de CO? 50 euros la tonne ? 100 euros ? 500 euros ? Quelle est la valeur limite de l’effort que nous sommes prêts à consentir pour que les générations futures bénéficient d’un monde meilleur ? Les économistes font des modèles macroéconomiques pour déterminer un niveau de prix en fonction du coût des dommages potentiellement causés par le réchauffement climatique. A cette question normative s’ajoute une autre question : comment organiser la société pour que ce coût soit effectivement pris en compte ?

Jean-Charles Hourcade : Le prix du carbone a en effet une place centrale dans la transition, mais il faut élargir la notion d’effort à consentir. Car c’est aussi un effort pour réformer notre société au bénéfice des générations présentes, sinon tout sera bloqué. Nous devons définir un nouveau contrat social intégrant la question climatique ; l’utilisation de l’argent généré par le prix du carbone est un élément crucial de sa construction. (…)

Une évaluation climat à 360° du budget de l’État

Une évaluation climat à 360° du budget de l’État 356 133 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

I4CE

par :  Dr. Quentin PERRIER / Dr. Sébastien POSTIC / Marion FETET

Le budget de l’État est-il aligné avec l’Accord de Paris ? Quant à savoir si le budget actuel de l’État est suffisant pour atteindre la neutralité carbone, on ne peut répondre à cette question avec un seul chiffre ou un indicateur unique. Ce qu’on peut affirmer, sur la base de cette étude, c’est qu’il existe 17 milliards de mesures défavorables au climat, en particulier de nombreuses niches sur la taxation des produits pétroliers. Elles devront progressivement être réformées. Les dépenses et les niches fiscales favorables au climat, quant à elles, représentent 20 milliards. Cet effort devra très probablement augmenter à l’avenir. Enfin, on observe que 7 % des impôts analysés sont favorables au climat : une part non négligeable, mais qui devrait être amenée à croître à moyen terme, avec ou sans taxe carbone, avec ou sans augmentation des prélèvements obligatoires.

La taxe carbone fait son retour… et essaie d’être plus juste pour ne pas attiser la colère des gilets jaunes

La taxe carbone fait son retour… et essaie d’être plus juste pour ne pas attiser la colère des gilets jaunes 702 498 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Par Arnaud Dumas

Publié par Novethic, le 1er octobre 2019

À cause de la crise des Gilets jaunes, le gouvernement a dû suspendre l’augmentation de la taxe carbone. Mais pour le Conseil des prélèvements obligatoires, qui a rédigé un rapport sur la fiscalité environnementale, cette taxe a un caractère vital pour réussir à atteindre les objectifs français de réduction d’émissions de CO2. Toutefois il y met les formes, en prévoyant tout un plan d’action pour rendre cette taxe à la fois plus juste et plus acceptable par la population.

Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) est formel, la fiscalité carbone doit repartir à la hausse. Cet organisme, dépendant de la Cour des comptes, ne craint pas de remettre de l’huile sur le feu après les manifestations des Gilets jaunes contre la taxe carbone de l’automne 2018. Celles-ci avaient poussé le gouvernement à revenir sur la trajectoire d’augmentation de cette taxe.

Selon le CPO, dans son rapport consultatif « La fiscalité environnementale au défi de l’urgence climatique« , l’augmentation de la fiscalité est pourtant le seul moyen pour l’État d’atteindre son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030, comme fixé par la loi de 2015, ou l’objectif de neutralité carbone en 2050.

Le gel de la taxe carbone au niveau de 2019 a mis un sérieux coup de frein aux ambitions climatiques de la France. En l’état actuel, avec une taxe établie à 44,60 euros la tonne de CO2 en 2019, la fiscalité carbone ne permet de réduire les émissions que de 25 % à horizon 2030, selon les projections du Conseil des prélèvements obligatoires. Celui-ci a étudié deux trajectoires d’augmentation, l’une basse, l’autre plus ambitieuse. À 100 euros par tonne de CO2, on atteint 29 % de réduction des émissions en 2030 ; à 250 euros la tonne de CO2, on arrive à 34 %. Le CPO laisse au gouvernement le soin de déterminer quel sera le niveau le meilleur.

Améliorer l’acceptabilité

Mais plus que sur le taux de la taxe, c’est sur son acceptabilité que le rapport du CPO insiste. Il établit un quasi plan d’action pour rendre la taxe carbone à la fois moins dégressive, pour ne pas peser plus lourd sur les ménages les plus fragiles et plus facilement compréhensible. Le conseil répond en cela aux craintes des Gilets jaunes qui opposaient fin de mois et fin du monde, et qui critiquaient le fait que les recettes de la fiscalité carbone ne soient pas fléchées vers des dépenses en faveur du climat.

Ce plan d’action commence par la mise en place d’un système de compensation pour les ménages les plus modestes, en prenant en compte les revenus, le lieu de résidence, ou encore le type de mobilité. Un moyen de rééquilibrer la charge de la taxe. Selon une étude de plusieurs ONG publiée en septembre (« Climat et inégalités : plaidoyer pour un budget vert et plus juste »), les 10 % des Français les plus pauvres payent proportionnellement 2,7 fois plus de taxe carbone que les 10 % les plus riches qui, pourtant, émettent trois fois plus de gaz à effet de serre.

Il s’agit ensuite d’agir sur l’acceptabilité de l’augmentation de la taxe carbone. Le conseil suggère à l’État de mieux communiquer sur l’objet même de la taxe, un reproche qui lui avait été fait lors des premières manifestations des Gilets jaunes. Cette collecte supplémentaire doit ainsi être liée de manière claire aux objectifs environnementaux de long terme de la France. Un dispositif de suivi, faisant la transparence sur l’utilisation de ces recettes fiscales, permettrait de lever tout doute quant à leur utilisation.

Élargir l’assiette

Enfin, la charge de la taxe doit également être mieux répartie entre les acteurs économiques. Le CPO préconise d’élargir l’assiette de la taxe carbone en supprimant progressivement les dérogations à la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE)*. Il recense 26 mesures dérogatoires (transport aérien, bois de chauffage, taxis, etc.), qui coûtent 10 milliards d’euros de recettes fiscales par an. Ces secteurs sont donc mécaniquement exonérés de taxe carbone et devraient être réinclus dans le droit commun.

L’Organisation de coopération et de développement (OCDE) arrive aux mêmes conclusions dans son rapport récent intitulé « Taxer la consommation d’énergie ». Selon l’organisation internationale, 85 % des émissions de CO2 liées à l’énergie ne proviennent pas de la route, et seules 18 % de ces consommations non routières sont taxées. L’OCDE préconise donc aussi d’augmenter l’assiette de la taxe vers des secteurs jusqu’alors peu imposés (charbon, transport aérien et maritime, etc.).

*La taxe carbone est intégrée à la TICPE
© 2020 Novethic

 
8/7/20

Le casse-tête de la taxe carbone aux frontières de l’UE

Le casse-tête de la taxe carbone aux frontières de l’UE 1060 523 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Le Monde

Sur le Vieux Continent, Paris milite depuis plus de dix ans en faveur de l’instauration d’un mécanisme d’ajustement aux frontières. Un projet qui suscite des levées de boucliers tant au sein de l’Union européenne qu’en dehors.

Par Marjorie Cessac – Publié le 02 juin 2019

Le paradoxe est saisissant. A l’heure où le gouvernement recule sur la taxe carbone en France, en Europe, il se démène pour voir émerger un impôt similaire sur les produits importés par le continent. Il n’est d’ailleurs pas le seul. Aux élections européennes, la plupart des partis hexagonaux l’avaient inscrite dans leurs programmes. Avec, certes, des objectifs et méthodes différents. Les écologistes, par exemple, y voient un moyen de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et de tenir compte du vrai coût des produits. « En France, les émissions ont diminué de 18 % entre 1995 et 2015, rappelle Delphine Batho, présidente de Génération écologie, sauf que ces chiffres ne tiennent pas compte des émissions incluant les importations qui, sur cette même période, ont augmenté de 93 % ! »

D’autres sont séduits par ce « protectionnisme vert » susceptible, par ailleurs, de rétablir une certaine équité commerciale. Emmanuel Macron, par exemple, ne cache pas sa volonté de voir l’Union européenne (UE) abandonner « la politique du faible » qui impose des contraintes environnementales strictes à ses entreprises sans exiger la même chose de ses partenaires. Ce discours fait mouche auprès des industriels.

L’Allemagne réfractaire à cette idée

Dans la sidérurgie ou le pétrole, notamment. « Le changement climatique est un phénomène global et il est absurde de payer une taxe carbone élevée en Europe si l’on doit délocaliser des activités industrielles et importer des biens de pays qui ne respectent pas nos règles en termes d’émissions de gaz à effet de serre !, insiste Patrick Pouyanné, le patron de Total. Je comprends que l’Europe veuille être à la pointe dans la lutte contre le changement climatique. Mais si elle s’impose des contraintes environnementales plus fortes qu’ailleurs sans contreparties, non seulement la question climatique ne progressera pas, mais, en plus, l’industrie européenne en pâtira. »Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Alain Grandjean : « Cesser d’augmenter la taxe carbone serait dramatique pour le climat en France »

Reste que ces arguments peinent à convaincre la plupart des pays européens. Et surtout l’Allemagne, réfractaire à toute idée susceptible d’activer une guerre commerciale. Cette taxe « pourrait risquer de mener à de possibles mesures de représailles », avait d’ailleurs mis en garde la Commission européenne, citant son incompatibilité avec les principes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2012 déjà, l’Inde et la Chine n’avaient pas manqué de montrer leur désapprobation face à la taxe carbone européenne sur l’aérien. Des compagnies issues de ces pays avaient refusé de fournir à l’UE les données sur leurs émissions de CO2. Au-delà des obstacles politiques, cette taxe est également jugée complexe à mettre en place. Concrètement, « elle impliquerait d’établir une comptabilité du carbone présent dans tous les biens du monde », détaille Christian de Perthuis, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine : « Or, si ce chiffrage est possible sur la tôle de l’acier brut, il va être plus compliqué pour un véhicule automobile ou un iPhone, par exemple. » La solution ? « Elle pourrait avoir du sens, mais pour quelques produits de base tels que l’acier ou le béton », insiste-t-il.

Modélisation et évaluation des impacts environnementaux de produits de consommation et biens d’équipement

Modélisation et évaluation des impacts environnementaux de produits de consommation et biens d’équipement 801 532 Lobby Climatique Citoyen - CCL France

Rapport qui estime les émissions de tout le cycle de vie de plusieurs produits (électromenager, électronique, habillement, etc). Les sources des émissions sont spécifiées en détail (extraction des matières premières, mise en forme, distribution, usage/lavage, fin de vie, etc).

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