Les « inégalités extrêmes » des émissions de CO2 nous mènent vers une catastrophe climatique
La frange la plus riche (1 %) émet deux fois plus de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité, selon un rapport d’Oxfam et du Stockholm Environment Institute.
Par Audrey Garric
C’est un chiffre prompt à marquer les esprits : le 1 % le plus riche de la planète est responsable de deux fois plus d’émissions de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité.Alors que les effets dévastateurs du dérèglement climatique se font plus que jamais sentir – incendies en Californie, fonte de la banquise arctique, débâcle du Groenland, vagues de chaleur en Europe –, l’ONG Oxfam et le think tank Stockholm Environment Institute assurent, dans leur dernier rapport, publié lundi 21 septembre, que ce sont les « inégalités extrêmes » en matière d’émissions de CO2, à l’œuvre depuis plusieurs décennies, qui précipitent le monde vers une catastrophe climatique.
Ce rapport, qui actualise de précédentes données parues en 2015, se focalise sur les années 1990-2015, une période critique pendant laquelle les émissions annuelles de CO2 ont augmenté de 60 %. Les auteurs se sont intéressés aux émissions dues à la consommation de 117 Etats, c’est-à-dire, pour chaque pays, celles qu’il produit sur son territoire, mais aussi celles liées à ses importations de biens et de services, tout en excluant celles rattachées à ses exportations. Ils ont regardé comment se répartissaient les différentes catégories de revenus dans ces rejets.
Les résultats illustrent de manière éloquente l’enjeu de la justice climatique. Les 10 % les plus riches de la planète ont été à l’origine de 52 % des émissions de CO2 cumulées. Au cours de ces vingt-cinq années, ces habitants ont ainsi consommé un tiers (31 %) du budget carbone mondial encore disponible – c’est-à-dire la quantité maximale de dioxyde de carbone pouvant être émise – pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. A l’inverse, les 50 % les plus pauvres étaient responsables de seulement 7 % des émissions cumulées, soit 4 % du budget carbone disponible. L’empreinte carbone d’un habitant faisant partie du 1 % le plus riche est cent fois plus élevée que celle des 50 % les plus pauvres. (…)